Le Point.fr - Publié le 22/03/2012 à 15:30
Huit jeunes avaient été arrêtés à l'époque. Ils disent n'avoir jamais entendu parler des frères Merah.
La police avait démantelé en 2007 un groupe de huit jeunes Toulousains, dont plusieurs convertis, condamnés deux ans plus tard pour avoir mis en place une filière de recrutement et d'acheminement de jihadistes en Irak. Mercredi, lors d'une conférence de presse à Toulouse, le procureur de Paris, François Molins, avait expliqué que le frère du présumé tueur au scooter, Abdelkader Merah, 29 ans, était "apparu en 2007 comme impliqué dans une filière d'acheminement de jihadistes en Irak". Il n'avait toutefois pas été mis en examen.
Contacté, un des jeunes hommes condamnés de ce groupe de Toulouse a toutefois affirmé n'avoir jamais entendu parler des frères Merah. "Je ne le connais pas. Il n'a jamais fait partie de quoi que ce soit. J'ai tous mes dossiers, tous les P-V de l'affaire. Et il n'y a aucun Abdelkader Merah", a affirmé cet homme, revenu dans la région après sa sortie de prison. "Je m'en souviendrais. J'ai une très bonne mémoire", a poursuivi ce trentenaire qui ne souhaite pas donner son nom : "J'ai refait ma vie, j'ai un travail."
À propos des voyages en Afghanistan et au Pakistan en 2010 et en 2011 de Mohamed Merah, par ses propres moyens et hors de toute filière selon les enquêteurs, cet homme répond : "Qu'à Toulouse il y ait quelqu'un qui est allé deux fois en Afghanistan et qu'on n'en entende pas parler, je trouve ça étrange." "Nous, on a été arrêtés à Damas et on est revenus en France avec des chaînes aux pieds et aux poignets... Lui, il est allé jusqu'en Afghanistan. Je me demande comment il a pu y aller, être renvoyé en France et revenir librement", poursuit ce trentenaire qui avait été intercepté en Syrie en décembre 2006 avec un de ses camarades.
Procès
Ils avaient été arrêtés par l'armée syrienne dans une maison où transitaient plusieurs autres islamistes et membres d'al-Qaida. Des armes et de la documentation islamiste radicale y avaient été découvertes. Incarcérés en Syrie et interrogés, ils ont été rapatriés en France le 13 février 2007 et interpellés à leur descente d'avion. Le lendemain, un coup de filet a permis aux enquêteurs français qui surveillaient ce groupe depuis plusieurs mois d'arrêter d'autres membres présumés du réseau. De nouvelles interpellations ont eu lieu le 23 octobre 2007.
Les deux hommes ont été condamnés à cinq ans de prison, dont un an avec sursis, assorti d'une mise à l'épreuve durant trois ans. Leurs coprévenus, un Marocain et cinq Français convertis à l'islam, ont été condamnés pour leur avoir fourni un soutien logistique ou financier. À l'audience, le procureur Patrick Laberche a dénoncé leur "haine contre les incroyants". Les avocats des Toulousains ont estimé que la position de l'accusation n'était "pas étayée".