Une nouvelle épine dans le pied de l'exemplarité exigée et prônée par le nouveau gouvernement? Manuel Valls a eu beau laisser sa mairie d'Evry à son premier adjoint, pour respecter le non-cumul des mandats, son geste ne change semble-t-il pas grand chose au niveau financier. Dans son édition de mercredi, le Canard Enchaîné révèle que le ministre de l'Intérieur, devenu donc conseiller municipal de la ville de l'Essonne, va désormais toucher une indemnité à peine inférieure à celle du maire et du premier adjoint.
Selon une délibération du conseil municipal de dimanche, Manuel Valls va percevoir 57% de "l'indice 1.015", fixant l'indemnité des élus locaux, contre 59% au maire et 58% au premier adjoint, soit environ 1700 euros net par mois. Les autres adjoints touchent 36% de l'indice tandis que les conseillers municipaux délégués perçoivent entre 7 et 23,5% de cet indice. Son entourage insiste sur le fait qu'il "compte exercer pleinement ses prérogatives en tant que conseil municipal délégué au projet territorial", dispose d'une "expérience évidente" et est "un atout considérable" pour la commune, tout en précisant qu'il ne touche pas d'indemnité en tant que conseiller à l'agglomération de communes d'Evry-Centre Essonne.
"Quelque peu immoral" juge un élu NPA
Cette mesure a un caractère légal et "totalement transparent", avec le respect de "la règle de l'écrêtement" et "des plafonds fixés par la loi" limitant la rémunération des élus ayant plusieurs mandats. "Les ministres-députés ne reçoivent pas leur rémunération de ministre dans l'intervalle" jusqu'aux législatives, souligne l'entourage qui rappelle que François Hollande a imposé une baisse de 30% des salaires de ses ministres. Selon lui, l'opération est neutre pour les finances de la ville, puisque Francis Chouat, vice-président du Conseil général, est lui-même touché par la règle de l'"écrêtement" et a reversé le surplus de son indemnité sur d'autres élus, dont Manuel Valls.
Mais du côté de l'opposition, cette rémunération ne passe pas. "C'est quelque peu immoral", "pas dans la ligne de conduite fixée par François Hollande", estime Francis Couvidat, conseiller municipal NPA. Sébastien Huyghe, secrétaire national de l'UMP, juge que "cette nouvelle affaire vient souligner le double discours permanent de François Hollande et de son gouvernement". "Si Manuel Valls n'a pas la décence de renoncer de lui-même à cette indemnité, il serait tout à fait 'normal' que Jean-Marc Ayrault soit enfin capable de faire preuve d'autorité sur son gouvernement et oblige Manuel Valls à renoncer à cette indemnité aussi choquante qu'injustifiée", poursuit le député du Nord dans un communiqué intitulé "l'indécence, c'est maintenant".