A.L17 ans. Normalement à cet âge-là, on profite de sa jeunesse à fond pour en garder le meilleur souvenir possible mais … en gendarmerie, cela est-il réellement possible ?

Pour ma part, l’avis est assez partagé. Si je considère les 12 premières années de ma vie, je peux dire en effet que j’en suis assez satisfaite mais pour ce qui est du reste :N.O.N.

Quand on est jeune, on ne comprend pas certaines choses mais il suffit d’un seul événement qui vienne bousculer votre vie pour que tout soit remis en question. 

On pourrait croire que c’est l’histoire banale d’une adolescente mais ce n’est pas le cas. C’est plutôt l’histoire d’une adolescente qui a vu sa famille déchirée ou encore massacrée par ce système défaillant en Gendarmerie.

Je me souviens, lorsque nous sommes arrivés au Mans, je venais d’avoir 12 ans. Déjà je n’étais pas heureuse d’y habiter mais ce que j’ignorais, c’est qu’il y avait une raison pour laquelle nous y avons déménagé. Mais cela, je ne l’ai su que plus tard et c’est à partir de ce moment-là où  » l’horreur  » a commencé. Cela fait maintenant  5 ans  que je connais la situation de mon père.  5 ans que nous essayons de lutter.  5 ans que nous vivons dans la misère.  5 ans que la haute hiérarchie essaie de nous détruire. Ils veulent le nier mais eux qu’est ce qu’ils en ont à faire ?  Ils ont leur poste, leur salaire, leur famille … tout ! Et nous là-dedans ? On est quoi dans ce cas ? Rien du tout.

Je ne sais pas si les gens se rendent compte que c’est dur de vivre dans un cadre comme celui là où on a l’impression qu’il n’y a pas de fin. Quand je suis rentrée au lycée, je commençais à réaliser l’étendue de la situation et cela a eu des conséquences sur moi-même et sur mon niveau scolaire en classe de seconde. Effectivement, je faisais sans arrêt des crises d’angoisse. Je ne voulais plus travailler car je n’en voyais plus l’intérêt et auprès de mes ami(e)s, je me créais une nouvelle vie. Quand on me demandait quel était le métier de mon père, je répondais gendarme bien entendu mais quand on me demandait où il travaillait, je disais au Mans alors que c’était absolument faux. Il était en longue maladie mais ça les gens ne peuvent pas le comprendre. Ou encore quand l’on me demandait où j’habitais, je ne disais pas que j’habitais dans un appartement de deux pièces et que mes parents dormaient sur un lit de fortune dans la salle à manger. Ça, ils ne le comprendraient pas non plus. En fait, je ne faisais que mentir à tout le monde. C’est ça ma vie d’alors.

Depuis le lycée, je tiens un journal intime où je note la plupart du temps tout ce que je ressentais sur différents sujets. J’aimerais vous faire part de quelques extraits.

26/10/10 :  » Cela fait déjà plusieurs années que l’on vit dans la misère et ils ne comprennent pas que j’en ai par dessus la tête de ses affaires en Gendarmerie. (…). Je sais que mon père souffre, il ne veut pas le montrer mais je le sais !  ».

8/11/10 :  » La Gendarmerie, une institution qui montre l’exemple ? Foutaise ! La seule chose qu’ils savent faire là-haut c’est nous détruire !  ».

9/11/10 :  » Il y a une de ces ambiances chez moi … un truc de fou ! Ça ne parle que de monsieur Laurent .L…… etc. Qu’il ne se pointe pas chez moi celui là !  ».

12/11/10 :  » Je n’ai même plus envie de travailler ou d’apprendre quoi que ce soit, la Gendarmerie me dégoûte. Ahh … c’est sur que ce n’est pas la même chose que les  » Gendarmes à St Tropez  » ! (…). En gendarmerie tu oses parler de trop, ça y est c’est la troisième guerre mondiale et tu es tracé jusqu’à la fin de ta vie ! (…). Vive la soumission ! ».

28/03/11 :  » Je n’en peux plus de mentir à tout le monde. C’est limite si je m’invente pas une autre vie. (…). Ma plus grosse peur, je crois, est de voir mes parents se séparer suite à ça … ça ils savent bien faire là-haut !  ».

26/03/12 :  » … mon père a été muté à Bordeaux pendant que nous on est à plus de 300km de lui depuis bientôt 9 mois. Cela ne peut plus durer. (…). Cela fait presque 7 ans que l’on vit dans la merde comme ça mais chez les L…… on commence à en avoir l’habitude !  ».

J’ai très mal vécu tout cela. Certains membres de ma famille ne comprennent pas notre situation mais en même temps, ils ne l’ont pas vécu donc ils ne peuvent pas juger.

La période 2011-2012 a été aussi dure que la précédente. Je pensais qu’en déménageant du Mans les choses seraient différentes mais en fait pas du tout. Là c’est limite si je ne pleurerais pas tous les soirs ou dans la nuit. Mes rêves ou plutôt mes cauchemars se résument à ça. La situation en Gendarmerie. Situation pourrie ! Le mieux dans tout cela, c’est la journée du 27 Juillet 2012. Alors là, c’était le summum. On savait qu’une mutation allait tomber. On avait fait nos choix. Je me voyais déjà dans une belle mutation où l’on pourrait tout recommencer à zéro mais bien sûr non ! Ce vieux poulailler a encore décidé de nous en faire bouffer ! Je me souviens à 8h30 le matin. Le téléphone sonne. Je savais que c’était mon père. Je croisais les doigts et là j’entends ma mère :  » Quoi Paris !?  ». J’étais abasourdie, désespérée. Pour moi là c’était la fin de tout. J’ai du pleurer pendant presque deux heures. J’en ai eu tellement marre que j’ai commencé à chercher les numéros de TF1 et France télévision. Ma mère a eu la superbe idée d’appeler le ministère de l’intérieur. On a du passé presque 4 heures au téléphone. À un moment, ils nous ont passé la direction de la gendarmerie et ils ont osé dire à ma mère qui venait de dire que je ne pouvais pas y aller à cause de mes problèmes de santé que ce n’était pas leur problème. En gros il fallait qu’on se démerde. La grande classe. J’ai passé une journée de merde, je n’ai pas mangé de la journée alors que j’avais 4 heures de conduite à l’auto-école. La totale.


De quoi les faire tomberCe que j’espère maintenant c’est qu’on vaporise tous ces gros moustiques pour les faire tomber un à un de leur poste et ainsi permettre une vie meilleure à tous.

Si je devais décrire mon ressenti par rapport à tout ce qu’il s’est passé, je dirais qu’on a essayé de détruire ma famille, qu’on a pris mon père pour un chien, qu’on nous a fait passé 5 ans à pleurer. A cause de ces gens-là, je ne sais plus ce que signifie le mot  » famille  ». J’espère qu’on va nous venir en aide et que tout ceci va cesser pour de bon. Mes parents et moi, nous ne ferons pas un an de plus comme ça.

La gendarmerie ? Qu’elle pourrisse avec ses malfrats !

 

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