Alors que le concert de protestations avait démarré jeudi après l'arrestation de la jeune femme à Mauléon (Pyrénées-Atlantiques), où une manifestation s'est tenue vendredi à la mi-journée, seize élus "socialistes et républicains" se sont dits "consternés" vendredi.
Dans un texte commun, co-signé notamment par trois parlementaires PS, ils condamnent l'application du mandat d'arrêt européen (MAE) dont Aurore Martin faisait l'objet depuis 2010 et réclament son "retour immédiat (...) sur le territoire français". Ils rappellent leur opposition constante à ce mandat qui, dans son cas, vise des faits interdits en Espagne mais autorisés en France : Madrid reproche en effet à Aurore Martin d'avoir participé en Espagne à des réunions publiques comme membre de Batasuna, parti considéré par Madrid comme le bras politique de l'organisation séparatiste basque ETA et interdit en Espagne alors qu'il est légal en France.
La jeune femme, qui avait échappé de justesse à une première tentative d'arrestation à Bayonne en juin 2011 -ses proches l'avaient aidée à se réfugier dans un café et la police avait renoncé à l'y arrêter- a finalement été incarcérée vendredi à Madrid après avoir été présentée à un juge de l'Audience nationale (tribunal chargé notamment des affaires de terrorisme). Elle encourt 12 ans de prison pour "appartenance à une organisation terroriste".
Valls a "cassé un accord tacite"
Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF et conseiller municipal de Pau, a qualifié cette interpellation de "honte", jugeant que le gouvernement français "venait d'écrire une page déshonorante pour notre pays". Et l'élu béarnais de prévenir : "les parlementaires communistes interpelleront le gouvernement" la semaine prochaine "pour connaître les conditions réelles de l'arrestation et de l'extradition" d'Aurore Martin. "Choqués" également, Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Aquitaine et Pays basque qui s'inquiètent de voir "pratiquer une répression que rien ne justifie dans le climat actuel".
De nombreuses critiques visaient notamment Manuel Valls, plusieurs élus voyant la main du ministre de l'Intérieur derrière cette arrestation. Lors d'une conférence de presse à Bayonne, Batasuna a ainsi estimé que M. Valls avait "cassé un accord tacite". L'un des responsables du mouvement, Jean-François Lefort, a relevé que le MAE visant Aurore Martin n'avait pas été appliqué par l'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant. "Une étape a été franchie", a-t-il estimé, doutant du caractère "fortuit" du contrôle qui a permis l'arrestation de la militante : selon lui, un "important peloton de gendarmerie" se trouvait "à un autre endroit où elle aurait pu passer".
Lundi, déjà, un entretien de Manuel Valls au quotidien espagnol El Pais avait suscité l'indignation de plusieurs élus basques, de gauche comme de droite, le ministre semblant lier l'existence d'une collectivité basque, entité administrative que des élus appellent de leurs voeux, au fait que l'ETA dépose les armes.