En décembre dernier, des proches d'Aurore Martin manifestaient leur soutien à la militante. (Maxppp)
Après l'arrestation de la militante basque Aurore Martin, jeudi après-midi dans les Pyrénées-Atlantiques, et sa remise dans la soirée aux autorités espagnoles, des voix se sont élevées contre le transfert vers l'Espagne de la jeune femme, autorisé par l’État français.
Vendredi, seize élus socialistes et républicains du Pays basque ont condamné l'exécution du mandat d'arrêt européen visant la jeune femme depuis le 13 octobre 2010 et exigent "son retour immédiat" sur le territoire. "Les faits visés par l'Espagne ne sont pas répréhensibles en France : appartenance à un parti politique légal en France et participation à des manifestations publiques", dénoncent-ils dans un communiqué.
En effet, "pour des faits que la loi française ne punit pas", Aurore Martin, "citoyenne française, a été arrêtée et remise à la justice d'un pays où elle risque douze ans de prison. La situation est absurde, voire injuste", expliquait vendredi auJDD.fr, Matthieu Bonduelle, président du Syndicat de la magistrature.
Ce que Guéant n'a pas osé faire, Valls vient de le commettre"
Vendredi matin, entre 130 et 250 personnes ont également manifesté à Mauléon (Pyrénées-Atlantiques) où Aurore Martin a été arrêtée la veille. Les manifestants - proches de la jeune femme - avaient déployé une banderole proclamant "Euroaginduari ez" ("non au mandat d'arrêt européen" en langue basque).
"Ce que Claude Guéant (ministre de l'Intérieur sous Nicolas Sarkozy, Ndlr) n'avait pas osé faire, le ministre Manuel Valls vient de le commettre. Quel honte!", s'est indigné, quant à lui, Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF des Pyrénées- Atlantiques. "Le gouvernement Ayrault vient d'écrire une page déshonorante pour notre pays", fustige-t-il dans un communiqué, jugeant "insupportable et indigne" qu'une ressortissante française, "militante d'un parti autorisé en France, soit extradée pour des faits (...) non punissables dans notre pays".
Hollande soutenait "la jeune Aurore"
La section basque d'Europe Ecologie-Les Verts partage aussi cette indignation. Dans un communiqué intitulé "Que cherche Manuel Valls?", les élus locaux se disent "choqués par l'attitude" du ministre de l'Intérieur "concernant le Pays basque et s'inquiète de voir pratiquer une répression que rien ne justifie dans le climat actuel".
Batasuna, le mouvement auquel Aurore Martin appartient, a quant à lui accusé Manuel Valls d'avoir "franchi une étape". Lors d'une conférence de presse à Bayonne, siège de l'organisation, Jean-François Lefort, l'un des responsables, a rappelé que depuis deux ans le mandat d'arrêt qui visait Aurore Martin n'avait pas été appliqué par Claude Guéant en vertu d'un accord tacite, que l'actuel ministre de l'Intérieur a donc "cassé".
De son côté, le Comité de défense des droits de l'Homme Pays basque a rappelé que "François Hollande lui-même avait apporté son soutien à la jeune Aurore" quand il était candidat.