Tous les quatre ont été abattus par la même arme dans l’Essonne. Quatre victimes qui n’avaient apparemment aucun lien entre elles, à l’exception des deux premières, qui vivaient dans le même immeuble. Portraits.
FLORENCE MÉRÉO ET SÉBASTIEN MORELLI | Publié le 15.04.2012, 07h10
L’après-midi du 27 novembre 2011, Nathalie a reçu sept balles. Née à Aix-en-Provence, elle travaillait dans un laboratoire de l’hôpital la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Elle avait entretenu une brève liaison avec Michel Courtois, son meurtrier présumé, qui a d’abord reconnu l’avoir assassinée, puis s’est rétracté.
Jean-Yves Bonnerue, 52 ans, était cadre à l’Apave, société basée à Lisses (Essonne). « Il intervenait chez les clients, souvent en déplacement », explique un collègue. Marié et père d’une fille de 22 ans partie étudier au Canada, il travaillait au service contrôle machine. « Jean-Yves effectuait les contrôles obligatoires sur les machines industrielles, une façon de prévenir les accidents du travail, témoigne un salarié d’Apave. Il parlait très peu, mais était très consciencieux. » Le 22 février 2012, Jean-Yves revenait de faire des courses avec son épouse quand il a été tué d’une balle dans la tête sur le parking de Juvisy.
Le 17 mars dernier, Marcel Brunetto, 81 ans, était froidement abattu de dos, d’une balle dans la tête, dans le hall de son immeuble, au 48, rue Pierre-Brossolette à Ris-Orangis.
Né en Algérie, ce retraité discret a d’abord travaillé à la Banque industrielle d’Afrique du Nord où il a rencontré sa femme, employée de bureau à l’Institut Pasteur d’Alger. Rentré en France en 1962, Marcel est recruté par la banque d’affaires Worms, où il fera toute sa carrière. « Il était à l’économat et s’occupait des achats de fournitures, précise son fils. Une fois à la retraite, il sortait peu. Son travail, c’était sa vie, et il était très famille. » Les Brunetto vivaient depuis longtemps à Ris-Orangis, menant une vie sans histoires.
« Marcel n’avait que peu d’amis mais aucun ennemi, il était assez renfermé », affirment ses proches. Il souffrait d’une maladie du cerveau et d’une surdité partielle, se déplaçait difficilement avec une canne. Son médecin lui avait conseillé des promenades. Ce qu’il s’apprêtait à faire ce samedi 17 mars.
Nadjia Lahcene, 48 ans, aimait s’évader le week-end. Des pique-niques sur les plages normandes aux falaises d’Etretat, qu’elle longeait avec sa sœur aînée. C’était avant ce jeudi 5 avril, où, à 15h30, alors qu’elle rentrait de son travail d’hôtesse à Orly pour retrouver son fils unique, un homme lui a tiré dans le dos, dans le hall du 1, rue des Ravins, à Grigny. « Parler d’elle, c’est difficile car c’était une femme qui menait une vie tout à fait normale », témoignait il y a quelques jours une de ses jeunes sœurs. Une collègue évoque, elle, une femme gaie : « Quand il y avait de petites fêtes au boulot, souvent, elle dansait. »
Née en Algérie, Nadjia est arrivée en France en 1982. Deuxième d’une fratrie de neuf, dont six filles, elle s’installe avec sa famille à la Grande-Borne. Elle se marie et donne naissance à Amine. Peu après, son jeune mari meurt d’un cancer généralisé. Nadjia, qui a brièvement refait sa vie avec un autre homme, élèvera seule son fils, actuellement lycéen.
Le Parisien