Le Point.fr - Publié le 21/03/2012 à 15:46
Si les salafistes sont entre 12 000 et 15 000 en France, les salafistes politiques et révolutionnaires sont, eux, ultraminoritaires.
La mouvance salafiste en France, dont se revendique le suspect des tueries de Toulouse et de Montauban, est très majoritairement composée de religieux qui revendiquent une interprétation stricte et littérale du Coran, dont une ultraminorité qui prône le djihad. Le salafisme est une école fondamentaliste sunnite qui s'applique principalement à calquer les façons de vivre des "salaf", "les ancêtres pieux" (Mahomet et ses compagnons) en langue arabe. Adeptes d'une lecture littérale du Coran, les salafistes imitent notamment l'habillement des "salaf" et portent, comme eux, une longue barbe, avec la moustache rasée. Les femmes portent un niqab qui couvre intégralement leur corps et leur visage, ne laissant apparaître que les yeux.
Le salafisme prend trois formes : "le salafisme piétiste, le salafisme politique et le salafisme révolutionnaire", explique Samir Amghar, docteur en sociologie à l'EHESS, auteur du livre Le salafisme d'aujourd'hui (éd. Michalon, sept 2011). "95 % des salafistes sont des salafistes piétistes, qui pensent qu'il est nécessaire de revenir aux fondamentaux de l'islam. Ils se désintéressent de la question politique. Ce salafisme est proche des autorités religieuses saoudiennes", selon le sociologue.
Anachronisme historique
Les salafistes politiques "pensent qu'il faut défendre l'identité musulmane en France et en Europe par des moyens légaux". Enfin, "les salafistes de type révolutionnaire sont des adeptes des moyens violents, et considèrent le djihad (guerre sainte, NDLR) comme une obligation religieuse". "Selon les renseignements généraux, les salafistes sont entre 12 000 et 15 000 en France, mais les salafistes politiques et révolutionnaires sont ultraminoritaires", explique Samir Amghar. Selon le ministre de l'Intérieur, Mohamed Merah, 24 ans, suspect des sept meurtres commis à Toulouse et Montauban, est un Français d'origine algérienne qui "revendique être un moudjahid (combattant de Dieu) et "appartenir à al-Qaida".
Sa radicalisation s'est faite "au sein d'un groupe d'idéologie salafiste, et affermie semble-t-il lors de deux voyages, l'un en Afghanistan, l'autre au Pakistan", a-t-il dit. "C'était assez fréquent dans les années 90. Un certain nombre de personnes se rendaient en Afghanistan et au Pakistan pour se former, mais depuis quelques années, on assiste à un déclin du djihadisme, en raison de la pression sécuritaire très efficace des services de sécurité français et européens", explique Samir Aghar. "C'est une sorte d'anachronisme historique de voir un individu se réclamer du djihad", estime Samir Amghar. "C'est très exceptionnel."