Florence Méréo et Sébastien Ramnoux | Publié le 15.04.2012, 07h08
« Un gars au comportement bizarre, toujours à taxer des clopes, ou à se racler la gorge avec des grands bruits, raconte un autre jeune du quartier. On jouait un peu au foot avec lui mais on a arrêté, il était trop renfermé. » Dans le petit immeuble de trois étages où Yoni occupe un deux-pièces, certains voisins décrivent un homme au « comportement agressif ». « Il y a un an, il a menacé un habitant de l’immeuble avec une arme, assure un voisin. Plusieurs fois, je me suis accroché avec lui, il était ingérable! »
Un choc dans le quartier
Les habitants se souviennent des visites régulières de sa mère, qui semblait s’occuper de lui. « Mais ici, personne ne le connaissait vraiment, on ne pouvait pas parler avec lui, poursuit un autre habitant. Apparemment, il n’avait pas de travail. On a fait des pétitions pour le faire partir, je crois qu’il a été placé ici par les services sociaux. »
Depuis plusieurs mois, certains avaient noté un changement de comportement chez le jeune homme. « Soit il perdait ses clés, soit il venait avec des gars toujours différents, que l’on n’avait jamais vus auparavant. » En revanche, personne n’a jamais aperçu Yoni avec une moto. Choqués, les habitants du petit immeuble n’en reviennent pas d’avoir peut-être côtoyé le « tueur de l’Essonne ». « Ce soir, j’amène ma fille chez ma mère, glisse Mamadou, le gardien de l’immeuble. C’est trop choquant ce qui se passe. »
A quelques kilomètres de là, à Ris- Orangis, la rue du Temple est l’objet de toutes les attentions. Car, dans cette longue artère où se côtoient petits pavillons et logements sociaux, Yoni P. venait « tous les jours », certifie un riverain. Notamment au 38, où, derrière la grille rouillée, il allait et venait au volant de ses voitures sans permis. « Il en avait deux, une orange et une de couleur claire, il venait avec l’une et repartait avec l’autre, on n’a jamais vraiment compris pourquoi. Nous, on pensait à un petit trafic », raconte, encore abasourdi, un couple qui vit à proximité du 38. D’autant plus que Mireille* connaissait Marcel, le retraité de 81 ans exécuté quelques mètres plus loin en mars dernier. « Cette semaine, on a vu passer les hélicoptères, on avait le pressentiment que peut-être le tueur allait être arrêté. Si c’est bien ce suspect, ça me fait froid dans le dos. Dire que mes petits-enfants jouaient juste devant lui. Ils faisaient du vélo pendant que lui bricolait ses voitures », note-t-elle.
De l’autre côté de la rue, à hauteur du 113, Adam est « soulagé ». Le jeune homme revenait de faire des courses, à 14h30, et a assisté à l’interpellation. « Les policiers étaient en train de le faire entrer dans la voiture, ils m’ont fait changer de trottoir. » Un habitant du quartier se dit « pas étonné ». « Il était vraiment bizarre, en été il portait un bonnet sur la tête. Il avait toujours un mauvais regard, pas le genre de gars avec qui on a envie de sympathiser », ajoute un jeune homme.
* Le prénom a été changé.
Le Parisien