L'agression avait eu lieu à Aix, cours Mirabeau. Suzanne avait été blessée.
Les faits se sont déroulés le 8 mars dernier, aux arrêts de bus en bas du cours Mirabeau. Suzanne, 82 ans, a reçu un coup de pied à la poitrine.
Photo Serge Mercier
"Intolérant à la frustration". Bendaoud Benzakour pourra difficilement soutenir le contraire, devant la présidente Marie-Pierre Fournier, lorsque celle-ci va relater les faits tels qu'ils ont été décrits, devant les enquêteurs du commissariat d'Aix, par la victime.
Le 8 mars dernier, sur le cours Mirabeau à Aix, Bendaoud ne parvient pas à prendre son bus. "Peut-être qu'il m'a pas pris, le chauffeur, parce que j'avais une canette de bière à la main..." De rage, il lance l'objet sur un platane près de l'abribus, et le contenu va venir éclabousser Suzanne. "Enfin, cela ne se fait pas !" : la dame âgée de 82 ans, choquée par ce comportement, vient de se permettre d'adresser une remarque à Bendaoud. Qui voit rouge.
Selon la victime, il lui aurait donné un coup de pied à la poitrine, la faisant lourdement chuter au sol. Le prévenu, détenu à la prison de Luynes depuis les faits, voit les choses autrement. C'est en tout cas ce qu'il va expliquer à la présidente : "Elles m'ont barré le passage, la dame et deux autres femmes. En voulant partir, je l'ai bousculée accidentellement avec mon sac de sport. Et puis, qu'est-ce qu'elle faisait, à l'arrêt de bus ?" Et surtout : "Elle est tombée vraiment tout doucement par terre".
Bendaoud repart en marchant, pour rentrer chez lui, mais il est désigné par des témoins à une patrouille de police : "Je me suis pas enfui, je me suis dirigé vers eux pour leur expliquer", dit-il. Suzanne, elle, est en pleurs. "Et depuis, dira son avocate Me Baptiste, elle ne sort plus de chez elle tellement elle a peur de le croiser à nouveau..." Un médecin a conclu à cinq jours d'ITT, après la chute de Suzanne. Ce qui fait réagir le prévenu : "Ouais, mais les médecins, vous allez les voir et hop, ils vont font un papier avec huit jours d'ITT tout de suite". Bendaoud, surtout, ajoute : "En fait, dès que je bois, j'ai un problème". La juge opine : "Oui, c'est peut-être ça, le problème..."
Poursuivi pour violences en récidive légale, Bendaoud voudrait bien sortir de prison et rentrer chez lui, "au moins pour aller récupérer mes dents". Et puis, dit-il, "je suis pas violent, je ferais même pas de mal à un moustique". Reste que Suzanne présente aujourd'hui des blessures réelles, indique encore son avocate : "Des douleurs et des hématomes à l'aine et aux cotes. Avant, cette dame de 82 ans, particulièrement dynamique, sortait tous les jours. Depuis ce jour-là, elle reste chez elle". Dans son box, Bendaoud soupire. D'autant plus lorsque c'est le procureur Pozzo qui enchaîne : "Il soutient qu'i l'a bousculée par inadvertance, avec son sac, mais les faits sont têtus ! Et la victime, très précise : il jette une canette contre le platane dans sa direction. Cela l'éclabousse et elle fait une remarque."
"Je ne suis pas violent, je ne ferai pas de mal à un moustique"
Le procureur souligne que l'homme avait pleinement conscience de la vulnérabilité de la victime : "Il dit bien qu'il a bousculé la plus vieille des dames". Tenant compte des douze condamnations qui figurent déjà sur le casier du prévenu, avant tout pour des faits de violence, elle requiert deux ans d'emprisonnement.
En défense, Me Foulon veut faire la distinction : "On ne parle pas de témoignages au sens précis du terme, mais de clameur publique ! Et ce n'est pas parce qu'il raconte n'importe quoi, qu'il est coupable". Il poursuit : "Peut-être que le témoignage d'une personne âgée n'est pas aussi objectif que ce qu'on croit... Cinq jours d'ITT pour un coup de pied au thorax sur une dame de 82 ans, je n'y crois pas..."
Bendaoud Benzakour sera reconnu coupable et condamné à deux ans de prison dont un an avec sursis et mise à l'épreuve durant deux ans : il a obligation de suivre des soins.
Séverine PARDINI